mercredi 3 juin 2015

"EGYPTEUS" ...... là ou le "pixel peeping" serait stupide



Correspondant Local de Presse pour pour un média de la presse régionale j'ai été amené à "couvrir" le Gala de l'association "Univers Danse" de Rochefort du Gard .


Cliquez sur les photos pour les agrandir

Les "photographes du numérique", un peu "geek" se font un devoir d'examiner leurs œuvres à grossissement "100% écran", et de chercher à corriger, de façon obsessionnelle, bruit, netteté et autres petits défauts.......ce qui est stupide dans beaucoup de cas................

Démonstration dans la suite: parution Presse Quotidienne

Dans la suite les explications et copies d'écran
Cette manie de "geek" s'appelle le "pixel peeping" et ne se justifie, éventuellement, que si vous devez réaliser un tirage d'art grand format pour une exposition (par exemple A0 soit agrandissement 33X à regarder à au moins 2 ou 3m).
Un membre du forum "Alpha DxD donne une définition très juste de cette habitude déplorable:
"Le pixel-peeping, c'est regarder ton image en zoom extrême, au point d'arriver presque à distinguer les pixels. En clair, regarder en zoom 1:1 ou plus sur ton écran à faible distance, ou à 30cm pour une impression de 2 mètres par 3."

Si votre photo est destinée à être tirée en 10x15cm, postée sur Facebook, intégrée à votre site Internet, ........... C'est complètement inutile, voire aberrant , les "petits  défauts" (bruits, netteté, profondeur de champ, etc. ) n'y seront aucunement visibles.
A plus forte raison si votre photo format 3/2 (24x36) est destinée à être imprimée sur un quotidien régional.

On va voir pourquoi en suivant le parcours de la photo, celle en bas à gauche de l'article, depuis la prise de vue en format RAW (toujours en ce qui me concerne) à la parution .

Les "tortures" que va subir votre photo ne vous autorisent pas, cependant, à envoyer au journal une "bouse" à demi floue, sous exposée ou surexposée, cadrée à l'arrache en vous disant que "le service publication, " du journal y pourvoira", ils ne sont pas Dieu........

Première étape: prise de vue
Elle s'apparente à une photo de concert donc:
- Shoot en format "RAW": C'est impératif pour pouvoir rectifier les petits défauts inhérents aux conditions du reportage. Ici les problèmes principaux relevaient des conditions d'éclairage, de l'objectif utilisé et de l'impossibilité de se positionner n'importe ou dans la salle pour obtenir un point de vue satisfaisant et un cadrage optimal du premier coup
- Mode de mesure "spot", mon SLT A77 a l'avantage de me montrer, soit sur l'écran, soit dans le viseur, l'effet du déplacement de la zone de mesure "spot" sur le sujet (Viseur électronique OLED) sous ex, sur ex, ou ok à mon goût et il affiche, en plus, l'histogramme dans le viseur à la demande Je peux donc "figer" l'exposition avec le bouton "AEL" lorsque le rendu me convient, recadrer (repositionner mon cadrage) et déclencher
- "ISO Auto" alors oui ....... , ça peut monter à ISO 6400 avec le "bruit" y afférent. Ici l'appareil a choisi ISO 500 en fonction de la vitesse que je lui ai imposée (ici 1/125s  - Mode priorité vitesse "S"). Les danseurs ne se déplaçant pas rapidement, contrairement aux photos de gymnastique parues dans d'autres posts de ce blog, le 1/125s suffit à "figer" leurs mouvements.
Si le bruit avait été trop présent, en cas de montée à ISO 6400 de l'APN (j'ai bloqué la montée en ISO à cette valeur sinon il peut monter a ISO 16000 et c'est la "bouillie de pixels" assurée), j'aurai "traité" le RAW dans "DxO Optics Pro 9.5", option "Prime" pour obtenir une réduction de bruit optimale. Ici un simple réglage des curseurs "ad hoc" dans Lightroom a suffi.
-L'APN a choisi un diaphragme de f/4.0 (imposé par la vitesse de 1/125s et les ISO Auto) ce qui me convient très bien. Je suis placé à environ 10m des sujets, la profondeur de champ est suffisante pour avoir le décor et les danseuses dans la zone de netteté
- Mise au point autofocus: mode "local", collimateur actif "calé" sur le visage de la danseuse debout à droite, les deux étant sur le même plan elles seront nettes toutes les deux
- Autofocus: mode "continu" "C", l'autofocus de l'appareil va suivre les danseuses si elles se déplacent et maintenir le point sur le visage de la danseuse de droite

Yapuka....... appuyer sur le "bitougno"

Deuxième étape: traitement et conversion
De retour "at home" dans Lightroom:
- Sélection des clichés à transmettre: lors de cette "couverture" j'ai pris 59 clichés.
Il est hors de question de transmettre "tout le paquet" au journal avec un "Demerdieren sie sich" comme message d'accompagnement, c'est pas "pro".
Il faut donc choisir les clichés à transmettre en fonction des impératifs supposés ou connus du journal  , de l'intérêt des clichés, de leur "qualité" (netteté, intérêt artistique, bruit "rattrapable", etc.). Ici j'ai sélectionné cinq clichés, dont j'ai retravaillé certains en format pano qui n'ont pas été retenus sans doute pour des raisons techniques ou de place ou de lisibilité après impression
- Ajustement des réglages de base si nécessaire
- Réduction de bruit si nécessaire
- Accentuation netteté
- Recadrage: ne disposant pas (encore) du zoom Tamron 70x200 f/2.8 constant dont je rêve je suis souvent contraint de recadrer en fonction de l'endroit d’où j'ai shooté pour obtenir la tof que j'aurai souhaité envoyer au journal lors de la prise de vue et des "règles de l’esthétique" et de la composition dite "académique" (Règle des Tiers, Nombre d'or, suite de Fibonacci, etc. .....)
Sur le RAW cette opération n'endommage pas la qualité du cliché

CLICHE ORIGINAL sorti de capteur: 
Trop de vide à droite et en haut, dû à mon positionnement et à l'objectif utilisé
 
Mon recadrage et mon redressement de perspective

Troisième étape: l'exportation
Les services du journal n'acceptent que les JPEG de moins de 10Mo. D’où l'intérêt de "shooter en RAW" pour pouvoir tout "régler" sans perte de qualité de l'image avant d'exporter en JPEG
- Dans Lightroom: bloquer l'export à 10Mo maxi, régler le paramètre netteté sur "papier mat", régler "redimensionner" sur "non" (cela évite une compression destructive, si nécessaire le journal y procédera)
- Exporter et transmettre avec le "papier" correspondant à l'aide du logiciel du journal  ou par E-Mail avec un lien "dropbox" pour les tofs

Après c'est le boulot journal

Je sais que, avec cette méthode, la rédaction recevra des photos en JPEG de qualité optimale.......... qui seront ensuite dégradées obligatoirement par le "process d'impression"
C'est ce qu'on va voir après !

Au journal
En fonction de la place disponible, le "metteur en page" va agencer le "papier", la ou les photos  sélectionnées en fonction du "module" dans lequel la parution va se faire.
Pour la partie rédactionnelle ce n'est que du texte (Word, vectoriel, postscript, etc. ) il n’y a donc aucun problème de "qualité" à redouter.
Mais pour les tofs ça va devenir de la "torture", surtout à partir de JPEG qui, on le rappelle, est un format de fichiers à compression "destructive". Chaque intervention ultérieure sur celui ci va dégrader sa qualité

Sur la photo étudiée:
Je suis déjà passé d'un format RAW pesant 23,6 Mo à un JPEG pesant 5,94 Mo....... il manque donc un (gros) bout des informations recueillies lors de la prise de vue par le capteur de mon A77

Quatrième étape au journal
- Recadrage: on passe d'un format original de 35,11x23,41cm en 300 ppp à un format de 9,4x9,3cm. Ce "rognage" n'altère pas la qualité du cliché sauf au moment du ré-enregistrement avant tramage.

Le "rognage" fait au journal pour "caler" la photo dans le module à sa place
 - Conversion: de l'espace colorimétrique "RVB" ou "Adobe RVB" en espace colorimétrique "CMJN"
- Tramage: Les procédés d'impression utilisés dans tous les médias de la PQR nécessitent un "tramage" de la photo
En imprimerie, la trame correspond à un maillage de points permettant de reproduire les similis. Les différents niveaux de gradation sont représentés par une variation de surface des points de trame...........L'image tramée présente alors toutes les nuances de couleur allant du blanc du papier à la couleur pure et saturée de l'encre utilisée (aplat).
Il existe deux types de trame : la trame dite classique dont la finesse appelée linéature se mesure en points par pouce, et la trame dite stochastique ou aléatoire.
En couleurs, on utilise une trames de points pour chaque couleur primaire, cyan, magenta et jaune, plus le noir, effectuant une synthèse soustractive des couleurs limitées au gamut permis par les trois couleurs primaires.(source Wikipédia)

Ci dessous une "macrophotographie" de la photo publiée dans l'article
On y voit clairement la "trame de points" sur le visage de la danseuse

Le "tramage" pour impression

Il y a donc une triple dégradation de l'image originale
- Ré-enregistrement après rognage  
- Conversion RVB > CMJN
- Tramage
Ci dessous pour comparaison un "crop" identique sur le cliché initial on constate immédiatement le différence due au procédé d'impression

"Crop" à plus de 400% du cliché original avec le même recadrage que ci dessus
Cinquième étape: Impression:
Le papier journal n'est pas "blanc pur", c'est un papier recyclé à dominante un peu jaune.
Donc les réglages colorimétrique initiaux effectués sur mon écran calibré (sonde Spyder 4 express) deviennent faux car ils ne tiennent pas compte de la couleur du papier qui influe sur les teintes finales.

Donc: quatrième dégradation dont on ne peut tenir compte préalablement les papiers "journal" n'ont jamais été calibrés et ne le seront jamais, leur composition et couleur de fond pouvant varier suivant le fournisseur et les conditions de stockage.

Est il, alors, dans ce cas de figure,  "intelligent" et utile 
d'examiner, en grossissement 100%, le cliché initial ?????? ..........
La réponses est catégoriquement : NON!

Ceci est ma conception du "pixel peeping" et du boulot à fournir à un média "Presse", quel qu’il soit,  pour obtenir le meilleur résultat à l'impression
Voili, Voilou
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Un peu de technique
Réalisée avec un APN reflex Sony Alpha A 77
Vitesse: 1/125s
Ouverture: f/4.0
ISO: 500
Correction exposition: néant
Objectif: Sony 16x50 f/2.8 SSM
Focale: 50mm (75mm eq 24x36)
Compléments optique: néant
Mode d'exposition: Priorité vitesse "S"
Mode de mesure: Spot
Mode Autofocus: AF "C"
Zonage AF: "local"
Flash: néant
Logiciels: Lightroom 5.7.1 
Crédit photo: © Pierre CHEMIN

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